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Mots de travers
30 août 2010

#26 : Je suis une plante verte.

-Hein ?

-Quoi ?

-Chuuuuuut !

-Mais quoi ?

-rien.

-Mais si, quoi ?

-rien, rien.

-bon, c’est bon, laisse tomber.

-Mais quoi ?

-rien, tu l’as dit toi-même.

-oh, t’es chiant.

-De quoi ?

-rien, c’est bon, c’est pas grave.

-Et c’est moi qui ai tort ?

-tort de quoi ?

-pfff.

-Tort d’être tordu ? Pas plus que toi…

-Mais qu’est-ce que tu racontes ?

-Je te raconte

-Pardon ?

-toi.

-Quoi moi ?

-Je te raconte toi.

-Moi ? Pourquoi ?

-Parce que t’es belle.

-C’est ça ouais. Tu te fous de moi.

-Non.

-Ah ?

-Ah quoi ?

-J’en étais sûre.

-Sûre de quoi ?

-Que tu n’étais pas en train d’épiloguer quatre cent cinquante hésitations au bout de ta langue, sur le pas de ta bouche, à propos de moi.

-Et qu’est-ce qui te fait dire ça ?

-Toi.

-Pourquoi moi ?

-Parce que t’es tordu. Tu l’as dit toi-même.

-Tordu, moi ? Mais non, pas du tout.

-Dommage.

-Pourquoi ?

-J’y étais presque.

-Où ça ?

-Au bout de toi.

-De moi ?

-Hummm

-Tu crois ça ?

-Je ne crois rien. Ne surtout pas croire, ça finit toujours par nous décevoir, le moment où l’on se rend compte que croire ce n’est pas voir, c’est concevoir un peut-être qui peut-être n’existe pas. Alors je ne crois pas. Enfin, j’essaie de ne pas croire.

-C’est triste.

-Je ne trouve pas.

-Mais croire, ça peut donner de l’espoir.

-Et si au bout de l’espérance il n’existe rien sinon l’espérance elle-même.

-Au moins, il y a l’espoir. Tu es frileuse.

-Mais non !

-Si. Tu as peur de te jeter à l’eau, tu reste au bord, tu regardes le fond et ça te fait peur. Alors tu ferme les yeux et tu as froid de ne pas oser  te lancer. Pourquoi  tu souris ?

-Parce que là, je n’ai pas froid.

-Et alors ?

-Alors je me promène dans le néant de ta pensée sans fil qui me ramène toujours au seul et même point de l’existence d’un homme qui n’a pas encore existé. Et ça me réchauffe un peu de m’évader dans les confins d’un lieu encore inexploré.

-Comment ça ?

-Tu n’es qu’une pouce, qu’un germe de ce que tu seras peut-être un jour. Alors je m’muse à te découvrir. Et c’est drôle de se perdre en toi.

-Ah non.

-Qu’est-ce qu’il y a ?

-Moi, je suis une plante verte. Je ne dis pas grand-chose et pourtant je suis là. Là de n’être plus là. Je respire et je me ressource au soleil. Je n’ai besoin de personne et encore moins de quelqu’un qui voudrait me « découvrir » ou  m’  « explorer ». Je refuse qu’on cherche à me troubler. Je vis. C’est tout.  Pourquoi tu pleure ?

-C’est rien.

- Dis-moi. Je t’ai blessé ?

-Je ne voulais pas m’immiscer.

-Mais non. Ce n’est pas grave.

-…

-Tu veux que je te dise ?  La vérité c’est que j’ai peur de savoir.

-Savoir quoi ?

-Tout. Un peu. Une partie. Je ne sais pas. Je sais juste que je ne veux pas savoir. A quoi bon de toute façon ?

-Ca m’amusait de m’enfouir dans les draps de tes pensées.

-T’as qu’à y rester.

-Mais…

-Oh, il suffit que tu ne me dises pas et je ne saurais pas. Si tu le gardes pour toi après tout, je n’ai pas à m’en faire.

-Vraiment ?

-Vraiment.

-Et tu sais quoi ?

-Chuuut.

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Commentaires
K
ouaiiiis géééniaaaal
H
Oh mam' Kanaillou, ça fait plaisir de te lire !
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