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Mots de travers
20 janvier 2009

#04 Dublin-Lyon, dix heures d'arrêt.

Encombrée, surchargée, mon corps et mes valises ont entamé une lutte qui durera toute la journée. La maladresse profonde qui m’habite resurgit. Malaise du trop pleins de choses dans les mains. Un autre poids à porter que le mien. Et puis vite, la peur de gêner dans l’allée, de ne pas être assez rapide. LA pesée du sac sur le dos me rassure, mais celle de l’ordi sur l’épaule m’encombre, me déstabilise. Et le boulet de vêtements à traîner, trop grand pour être bien tenu dans les escaliers. Il lacère les mains, s’échappe, me pique le souffle dont j’ai besoin aujourd’hui pour faire face. Monter, descendre, avancer, revenir, enfoncer enfin dans une case ces poids mal répartis. Il n’y a pas que les vêtements qui pèsent à ma main ce matin.
J’ai embarqué derrière moi les dernières étrangetés de nos nuits dublinoises. Elles me tirent en arrière. Je lutte. Dans mon crâne s’entassent quelques mots au presqu’hasard : petite grenouille, qu’est-ce que tu fais ? Méchaaant… » Ils embrouillent mes sens de leur litanie, presque comme une prière. Prière à qui, à quoi ? A ces sourires mais aussi à ces larmes peut-être, à ces sensations inextricables. Il y avait de la tendresse. Prière à cette ville, où nous avons échoué un jour, et où pourtant, je le crois, nous avons réussi. Le ventre se rétrécit.
A l’heure de manger, mes lèvres s’étonnent. De la blanquette, de l’eau en carafe, et du pain. C’est bon. Pourtant l’étonnement de mon corps ne me permet pas d’en profiter pleinement. Encore une fois, un peu perdue. Ma voix, malgré moi, répond « Thank you ». On le prend comme un snobisme. Demi-sourire. L’odeur de l’air manque de lumière. Empesée, je me sens intoxiquée. Courbatures d’un corps sans sommeil qui porte à bout de bras quatre mois de vie que personne, ou presque ne verra. Ces mois si légers s’affirment et se rebiffent sur mon dos. Mes yeux se clôturent sur un film, le dos arrondi contre le fauteuil et le mur de tissu. Je comate, entre deux Etats. Des fourmis s’invitent dans mes pattes. Je ne sais plus, le temps s’étire sur ma peau. Où suis-je ? D’où suis-je ?

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